Régulièrement dans « La Voie », les concepts clés d’Edgar Morin expliqués et synthétisés par son auteur.
Le terme de complexité vient du latin complexus, ce qui embrasse. La connaissance complexe est une connaissance qui s’efforce d’embrasser les liens et interactions du réel physique, biologique, humain qu’occultent les séparations disciplinaires.
La réalité du cosmos, de la vie ou de l’humanité est une combinaison de concorde et discorde, c’est-à-dire une union d’associations et en même temps, de désunions, dissociations, dégradations, destructions. Cette réalité subit non pas un seul ordre déterministe, mais un complexe d’ordre désordre interactions.
Tout objet est système, c’est-à-dire une combinaison organisée d’éléments divers en une unité multiple, notion essentiellement complexe qui unit deux termes antagonistes. Tout système comporte des contraintes inhibitrices sur les parties qui le composent mais aussi des qualités nouvelles dites « émergences ». Ainsi l’eau à des qualités que ses deux composants qui la constituent n’ont pas : les qualités propres de l’hydrogène et de l’oxygène sont inhibées.
Les organisations actives comme l’organisation d’un système de chauffage comportent rétroactions (le thermostat quand la température visée est atteinte) régulations, rejet ou marginalisation des déviances
Une crise, elle, provient de défaillances des régulations et de la progression des déviances. L’issue d’une crise peut être régressive, progressive (acquisition de qualités nouvelles) ou alors un retour au statut précédent
Les limites de la logique classique et de la rationalité classique conduisent à la rationalité complexe, laquelle reconnaît et non rejette les contradictions et comporte la dialogique (association de deux notions logiquement incompatibles).
À partir des connaissances complexes, la pensée peut mieux concevoir ce qu’est l’être humain, ce qu’est la nation, ce qu’est l’humanité, ce qu’est la mondialisation, ce qu’est le cours historique actuel.
Elle permet une prise de conscience de l’importance des périls actuels et des incertitudes du futur car les probabilités sont toujours soumises au risque du surgissement de l’inattendu.
Edgar Morin/ FEM