« Une longévité politique de maboul ! J’ai photographié François Bayrou à plusieurs reprises dans sa vie politique, notamment en 2007 et en 2012. Ce portrait jusqu’ici inédit provient d’une série commandée par je ne sais plus quel magazine, en 2002. À l’époque, il est candidat officiel de l’UDF à la Présidentielle, il la finira dès le premier tour en 4e position avec 6,84 % des suffrages. Il a capitalisé une petite notoriété grâce à la gifle qu’il a flanquée à un gamin devant les caméras et qui, selon lui, était en train de lui faire les poches.
Là, je l’ai photographié dans son bureau de député des Pyrénées Atlantiques. Comme tous les bureaux de député, il était parfaitement impersonnel. Il m’a dit : « Je sais exactement ce que vous allez faire. Allez-y, faites vite. » Le genre de propos mille fois entendus chez beaucoup de gens de pouvoir.
J’aime bien cette photo car je ne sais pas qui c’est. Est-ce un acteur américain ? Et quel est son âge ? De face, les hommes et les femmes politiques y vont toujours de leur petit sourire de com. Plus rare, le profil, lui, me paraît relever de l’ordre de l’intime. Dans ce portrait, il y a d’abord l’incarnation, une peau qui a vécu des choses. L’œil est net, et unique comme celui d’un cyclope, mais la géographie du visage, elle, est une alternance d’ombre et de lumière. C’est ainsi que m’apparaît François Bayrou : un homme politique qui apparaît, puis disparaît, puis apparaît, puis… Premier ministre, il risque de trop prendre la lumière. »
Olivier Roller