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Edgar Morin et Michelangelo Pistoletto vers le 3e Paradis

L’un des inspirateurs de l’Arte Povera qui expose en ce début d’année à Paris cultive depuis des années, une longue conversation avec le philosophe. Ils ont même coécrit un essai, Impliquons-nous.

À la Bourse du commerce-Collections François Pinault, à Paris, l’exposition Arte povera, (Art pauvre), propose 250 œuvres de peintres, sculpteurs et performers. Ce mouvement contestataire né dans les années 1960 en Italie prône la décroissance et le décloisonnement des pratiques artistiques. Michelangelo Pistoletto, 91 ans, artiste protéiforme, peintre, sculpteur, graveur, acteur, photographe, cinéaste, en est l’une des figures clés. Il expose plusieurs de ses réalisations  notamment en papier, et en chiffons recyclables, des matériaux pauvres. Depuis toujours, il mixe, mélange dans ses œuvres, la faune, la flore, les minéraux, la terre, les chiffons, les métaux, les matériaux recyclables et les déchets de la société, mais aussi les thématiques de culture et nature, passé et présent.

Michelangelo Pistoletto

Pour réaliser ce qu’il appelle le « 3e Paradis » (le 1er est biblique, le second, notre vrai paradis terrestre est menacé de dégradation), Pistoletto a crée en 1998 dans son village natal du nord de l’Italie, Biella, La Cittadellarte. C’est une École laboratoire du monde de demain, qui veut démontrer que l’Art est capable de transformer la société. Y coexistent et échangent des associations, y collaborent artistes, intellectuels, acteurs du monde de l’entreprise, du développement durable, de l’éducation, de la gastronomie ou de la mode. L’exposition  est aussi l’occasion de relire un essai cosigné par Michelangelo Pistoletto et Edgar Morin il y a dix ans : Impliquons-nous (Actes Sud, 2015).

Il faut inaugurer « l’ère de la responsabilité » selon le théoricien de l’Arte povera

Entre le pionnier de la pensée complexe, soucieux de réformes, et le théoricien d’une certaine frugalité, les mêmes préoccupations : écologiques, politiques, sociales. Et Une même volonté d’agir par la pensée et par la culture, et d’expérimenter. Ils se sont donc rencontrés. Leurs échanges à la fois denses et ouverts ont donné lieu à ce petit livre synthétique, qui, à la relecture, n’a pas pris une ride. Pour les deux hommes, en effet il ne suffit plus de s’indigner, il faut s’impliquer, dans tous les enjeux interelationnés du siècle. Il faut ouvrir d’autres voies.  L’essai critique les dérives de la mondialisation et du néolibéralisme, décuplés par des technologies. Face à cette puissance à l’œuvre, ils invoquent le pouvoir de l’imaginaire et de la créativité humaine pour refonder la tolérance et la démocratie. Ils appellent au développement et à la nécessité d’expérimentations concrètes sur le terrain. 

Selon Pistoletto pour accéder au fameux 3e paradis, il faut entrer dans l’ère de la responsabilité. Morin lui aspire également à une société ou « je » individuel se concilierait avec la fraternité, la solidarité  « seul remède à la complexité », mais le terme de paradis lui parait trop idéologique et chargé de références religieuses et politique . Il exprime en outre qu’avant de s’occuper du 3 ème paradis , il est urgent d’éviter le pire ». Et qu’il se bat pour un monde meilleur et pas pour le meilleur des mondes.

Annie Batlle


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